Le lycée impérial Louis-le-Grand

Fondé par les jésuites sous le nom de collège de Clermont, adoubé par Louis XIV, le Roi-Soleil – qui va jusqu’à lui accorder son patronage-, le lycée impérial, installé à sa création dans des locaux humides et délabrés, jouit pourtant dès son origine d’une réputation qui ne s’est pas démentie depuis.

Actuel Lycée Louis-le-Grand, le lycée de Paris est créé le 2 thermidor an XI (21 juillet 1803). Très vite, il comprend des effectifs importants – mille élèves. Sur la proposition du ministre de l’intérieur Jean-Antoine Chaptal, il prend en 1805 le nom de lycée impérial, le premier à se voir attribuer ce titre. Mais son histoire a commencé bien plus tôt.

Le collège de Clermont

Sa fondation remonte au XVIe siècle. Guillaume Duprat, évêque de Clermont, effectue à sa mort un legs aux jésuites, qui acquièrent un hôtel situé dans la rue Saint-Jacques, entre les collèges des Cholets et de Marmoutiers. En hommage à leur bienfaiteur, les jésuites donnent à ce lieu du savoir le nom de collège de Clermont. Ils décident que l’instruction sera gratuite, grâce à la générosité des donateurs.

Ce n’est pas du goût de l’Université, établie dans le Quartier latin, qui leur mène une guerre sans merci. Pour se concilier les deux parties, Henri III pose d’un côté la première pierre de la chapelle du collège de Clermont et crée, d’un autre côté, une fondation afin de pourvoir à l’entretien de douze jeunes gens pauvres.

Mais en 1594, son successeur Henri IV, est victime d’une tentative d’assassinat par Jean Châtel, alors élève au collège de Clermont. Les jésuites, rendus à tort responsables de ce forfait, sont interdits d »exercice, des professeurs frappés de bannissement perpétuel, tandis que le bibliothécaire est pendu…

Une brillante trajectoire

Après bien des péripéties, il faudra attendre 1618 pour que le collège de Clermont rouvre. Dès lors, bénéficiant de la protection officieuse du roi de France, il entame son ascension. Il achète des locaux et ne cesse de s’agrandir. En 1640, il compte deux mille cinq cents élèves, parmi lesquels on dénombre des princes de sang et les grands noms de l’armorial de France : Bourbon, Condé, Guise, Joyeuse, La Tour-d’Auvergne, Lorraine, La Trémoille, Montmorency, Breteuil, Brienne, Clermont-Tonnerre, Nemours, Noailles, Polignac, Richelieu.

En septembre 1674, la visite officielle du Roi-Soleil, comme le rappelle la plaque apposée dans la cour d’honneur du lycée, est un événement important : elle met fin, provisoirement, aux luttes de pouvoir entre les jansénistes de l’Université et les jésuites du collège de Clermont. À cette occasion, Louis XIV offre à l’établissement un tableau de Jean Jouvenet, La Famille de Darius aux pieds d’Alexandre, qui orne toujours le bureau du proviseur…

En 1682, le Roi-Soleil accorde son patronage officiel : le collège de Clermont devient Collegium Ludovici Magni, « Collège de Louis-le-Grand ». Il étend à tel point son influence qu’on dite de lui, en 1711: « Quelle province dans le royaume, quel royaume même dans l’Europe, qui n’admire l’éducation si cultivée et si chrétienne que tant de jeunes seigneurs ont reçue à Paris dans le collège de Louis-le-Grand ? »

Une réputation bien affirmée

Le collège Louis-le-Grand est désormais considéré comme un modèle dans le domaine éducatif. Sous la Révolution, devenu le Prytanée français, il reçoit les éloges des révolutionnaires. Napoléon Bonaparte le nomme lycée de Paris, puis lycée Impérial.

Ses appellations successives accompagnent les péripéties de l’Histoire. Nommé lycée Louis-le-Grand sous la Première Restauration, il redevient collège royal de Louis-le-Grand à la Seconde Restauration. En 1848, le voilà baptisé lycée Descartes avant de reprendre le nom de lycée Louis-le-Grand. Le Second Empire en fait le lycée impérial Louis-le-Grand. Et ce n’est finalement qu’en 1873 qu’il adopte son nom actuel.

Articles similaires