Le lycée Condorcet, une pépinière de talents

Le poète Stéphane Mallarmé y fut professeur, Alfred de Vigny, Toulouse-Lautrec, Marcel Proust et Jean Cocteau le fréquentèrent en tant qu’élèves, ainsi que trois futurs présidents de la République. C’est peut dire que le lycée Condorcet, installé près de la gare Saint-Lazare, compta dans ses rangs des personnalités hors normes !

Situé dans le IXe arrondissement, le lycée Condorcet a connu une histoire originale. Dans les années 1780, Louis XV invite les capucins à s’installer dans le nouveau quartier de la Chaussée-d’Antin, alors en pleine expansion, mais qui manque d’un lieu de culte. Le roi fournit son aide pour que les religieux puissent acheter les terrains, et la rue Caumartin est même prolongée afin d’offrir une entrée au nouveau couvent, construit par Alexandre Théodore Brongniart de 1781 à 1783.

Au centre de l’établissement, l’architecte place un grand cloître rectangulaire. Mais la Révolution survient, et le couvent de Saint-Louis-d’Antin est déclaré bien national…La Convention avait prévu d’y implanter une école centrale, mais le projet n’a jamais abouti.

Un des quatre plus anciens lycées parisiens

C’est finalement Bonaparte qui décide de créer ce lycée par un arrêté consulaire du 12 fructidor an XI (10 septembre 1803). Le lycée Bonaparte connaît de modestes débuts avec moins d’une centaine d’élèves. Très rapidement cependant, une concurrence se développe entre ce nouveau lycée situé rive droite, dans un quartier juste sorti de terre, et le lycée Henri-IV, ancré dans le Quartier latin, qui perpétue une très ancienne tradition.

Il acquiert de l’importance en raison de sa proximité avec la gare Saint-Lazare, juste créée, pour devenir en deux décennies le plus peuplé des lycées parisiens: à partir de 1841, on y compte plus d’un millier d’élèves; ils seront mille six cents en 1879. En 1864, l’architecte Duc construit le bâtiment en bordure de la rue du Havre, nouvellement percée, faisant ainsi disparaître le jardin de l’ancien couvent.

D’un nom à l’autre

Comme les autres établissements parisiens, le lycée Condorcet ne cessera de changer d’appellation. Il s’est d’abord nommé lycée de la Chaussée-d’Antin. Puis, de 1805 à 1814, lycée impérial Bonaparte, avant de devenir le collège royal de Bourbon. Durant la Révolution de 1848, il est baptisé lycée Chaptal, du nom de ce grand chimiste, ministre de Napoléon.

C’est seulement le 22 octobre 1870 qu’il prend le nom de Condorcet – philosophe et mathématicien du siècle des Lumières-, qu’il gardera jusqu’en 1874. Car du 1er mai 1874 au 27 janvier 1883, il est baptisé lycée Fontanes, patronyme du grand maître de l’Université sous l’Empire…Ce n’est qu’après cette date qu’il adoptera son nom définitif.

Il est l’un des rares lycées parisiens, avec le lycée Charlemagne, à n’avoir jamais eu d’internat. Les élèves dont les parents habitaient trop loin pour qu’ils puissent regagner leur domicile, trouvaient le gîte et le couvert chez des maîtres de pension du quartier.

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