Hugo, ou le vertige de Paris

« Qui regarde au fond de Paris a le vertige. Rien de plus fantasque, rien de plus tragique, rien de plus superbe », écrit Victor Hugo en 1867. Rien d’étonnant à ce que le plus grand écrivain de son temps fasse de Paris un élément central de sa vie et de son œuvre.

Né à Besançon, Victor Hugo emménage à Paris avec sa mère et ses deux frères en 1808, alors qu’il est âgé de 6 ans. Jusqu’en 1830, il ne cesse de déménager dans le VIe arrondissement, habitant successivement les rues de Mézières, du Dragon et de l’actuelle rue du Cherche-Midi. En 1830, la bataille d’Hernani, provoquée par la représentation de la pièce du même nom qu’il a écrite, fait rage. La querelle oppose les partisans du théâtre classique et les jeunes romantiques, ces derniers défendant avec vigueur un genre nouveau : le drame romantique. Le tumulte est tel que le propriétaire de l’appartement du numéro 11 de la rue Notre-Dame-des-Champs expulse Victor Hugo, sa femme Adèle, et leurs cinq enfants.

Des Invalides à Notre-Dame

La famille emménage alors au numéro 9 de la rue jean-goujon, dans le VIIIe arrondissement. Depuis les fenêtres du deuxième étage, l’écrivain aperçoit le dôme des Invalides, une vue dont il profitera largement pendant les six mois qui suivent son installation. Pendant cette période, il rédige Notre-Dame de Paris, sans sortir de chez lui, son éditeur lui mettant une pression constante pour qu’il respecte les délais du contrat

Mais, s’il est propice à l’écriture, l’appartement de la rue Jean-Goujon est trio excentré. En 1830, les Hugo décident de déménager, cette fois pour l’hôtel de Rohan-Guémené, place des Vosges, alors place Royale, dans le IVe arrondissement.

La vie place des Vosges

À propos de cette installation, Hugo écrira dans une lettre à Louise Bertin : « Il faut que vous me plaigniez […] d’être depuis huit jours dans l’exécrable tohu-bohu d’un déménagement, fait à l’aide de ces machines prétendues commodes qui m’on aidé tant de pauvres diables à déménager en masse et pour leur dernier logis à l’époque du choléra. Voilà huit jours que je suis dans le chaos, que je cloue et que je martèle; que je suis fait comme un voleur. C’est abominable. »

Peu de temps après, Victor installe celle qui sera sa maîtresse pendant cinquante ans, Juliette Drouet, rue Saint-Anastase, à quelques minutes de sa demeure. L’auteur des Misérables a alors pour voisins deux autres écrivains romantiques : Charles Nodier et Théophile Gautier qui habitent tous deux l’actuelle place des Vosges. On peut encore visiter cette demeure aujourd’hui et y admirer notamment la reconstitution du salon chinois que Victor Hugo avait imaginé pour Juliette Drouet dans l’appartement de cette dernière.

L’exil et le retour à Paris

L’engagement républicain de l’écrivain date de 1848, Victor Hugo n’hésitant plus à mettre sa plume et sa notoriété au service d’idées progressistes et libérales. Il passera ainsi du statut confortable de pair de France à celui d’homme de convictions, choisissant de s’exiler pendant presque vingt ans pour protester contre le second Empire de Napoléon III.

Avant son départ, il habitera pendant quelque temps au numéro 37 de la rue de la Tour-d’Auvergne, dans le IXe arrondissement, au premier étage d’un hôtel particulier toujours visible aujourd’hui. après être revenu triomphalement d’exil en 1870, il emménage en 1878 au numéro 130 de l’avenue d’Eylau, qui sera rebaptisée « avenue Victor Hugo » en 1881, alors que l’écrivain vit encore.

C’est dans cet appartement qu’il mourra en 1885 – au total, il ara vécu dans plus d’une vingtaine de lieux à Paris -, avant de rejoindre sa dernière demeure au Panthéon, aux côtés d’autres grands hommes de la nation.

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